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Balzac est-il le roman ?

Par Isabelle Tournier

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Dans les romans de Balzac, ce qui frappe d'abord c'est la diversité de l'invention. Qu'y a-t-il de commun entre un roman d'histoire contemporaine comme Une ténébreuse affaire ou Le Député d'Arcis, un roman philosophique comme Louis Lambert ou Séraphîta, un récit utopique comme Le Médecin de campagne, un croquis édifiant comme L'Envers de l'Histoire contemporaine, semi-pornographique comme Une passion dans le désert, une éducation sentimentale comme Le Lys dans la vallée ou le tableau d'une obsession (Gobseck, Eugénie Grandet, etc.).

Balzac emprunte certes, surtout au début de sa carrière, dans des textes publiés sous pseudonymes avant 1829, aux catégorie de romans en vogue : le roman noir venu d'Angleterre (château hanté, vieillard tout puissant, pure jeune fille martyrisée), le roman gai (histoire de coeur, philosophie légère, jeux de mots) dont relève Jean Louis ou La Fille trouvée, le roman historique enfin, à l'exemple de Walter Scott dont Les Chouans s'inspirent pour évoquer la Bretagne de la contre-Révolution et dont Illusions perdues raconte le succès dans les années 1820.

Mais Balzac invente quantité d'autres formes romanesques de sujets, et une extraordinaire galerie de personnages issus de toutes les zones du corps social. Il investit par le roman des espaces qui lui étaient inconnus (la province), crée des types (la femme de trente ans), en renouvelle d'autres (le jeune homme). Parallèlement, il met au point des dispositifs de composition romanesque inédits : le plus connu est l'entrée « in médias res », une ouverture directe sur l'action, suivie d'un passage rétrospectif explicatif qui découvre le passé des personnages, leur physique, leur maison, leur us et coutumes, leur milieu en somme et, au sortir de cette parenthèse explicative, l'action, lestée de ce savoir, repart. Chemin faisant, on en rencontrera d'autres.

Le roman sortit bouleversé de ce laboratoires de formes et d'images et le roman balzacien (on  a compris qu'il serait plus juste de dire « les romans balzaciens ») servit de référence incontournable pour trois quarts de siècle, au moins jusqu'à Proust. Flaubert, Zola, tous les romanciers grands ou petits, se définissent par rapport à Balzac avec plus ou moins de distance.