Balzac illustré

Honoré de Balzac

Date : 1838

Matériaux et techniques : Livre

Description : « Balzac illustré » est une collection des oeuvres de Balzac parue chez les éditeurs Delloye et Lecou imaginée par l'écrivain lui-même. Elle constitue le témoignage tangible de l'intérêt de Balzac pour l'illustration.

Les principes de cette illustration sont multiples. Outre la fidélité au texte, à laquelle Balzac attache une importance capitale, les images se caractérisent par leur omniprésence. Le roman est illustré de plus de 100 « vignettes » gravées sur acier d'après des artistes sélectionnés par Balzac lui-même, parmi lesquels Gavarni, Janet-Lange, Français et Marckl. L'écrivain donnait des indications précises sur les images souhaitées, révélant son goût pour la diversité aussi bien dans les sujets représentés (portraits de groupe ou de personnage isolé, décors, scènes du roman, symboles et figures allégoriques), que dans leur emplacement : bandeau, cul-de-lampe, fleuron, lettrine et illustration de couverture. Seules les rééditions de l'ouvrage, auxquelles Balzac n'a pas participé, comprennent quelques planches hors-textes reprenant certains des portraits insérés entre les paragraphes.

De fait, Balzac n'envisage pas l'image indépendamment du texte, comme en témoigne l'absence de contour des vignettes. L'écrivain la considère au contraire comme consubstantielle à la page typographique, suivant en cela le principe de "fusion des arts" en vogue à l'époque romantique. Placée en exergue au roman, la ligne serpentine (dérivée du moulinet tracé par le héros de Vie et opinions de Tristram Shandy de Laurence Sterne) souligne cette parenté du texte et de l'image. De même, l'inscription figurant sur la peau-talisman est savamment mise en page dans le cours du texte. Balzac, qui fut un temps fondeur de caractères typographiques, est à ce point sensible aux formes visuelles de l'écriture qu'il leur attribue l'origine même de la révision de son texte :

« Le texte de l’édition illustrée est revu avec tant de soin, qu’il faut le regarder comme le seul existant, tant il diffère des éditions précédentes ; cette solennité typographique a réagi sur la phrase, et j’ai découvert bien des fautes et des sottises, en sorte que je désire bien vivement que le nombre des souscripteurs permette de continuer cette publication, qui me donnera l’occasion d’arriver à ce que je puis de mieux pour mon ouvrage comme pureté de langage » (Lettre à Mme Hanska du 20 janvier 1838). 

Le premier volume paru (La Peau de chagrin) ne connut pas le succès escompté. La collection s'arrête donc à ce seul volume, dont la Maison de Balzac possède deux exemplaires de valeur. Le premier a gardé sa couverture illustrée « à la cathédrale » et reprend les motifs de l'architecture gothique, redécouverte à l'époque romantique. Le second est l'exemplaire de Zulma Carraud, fidèle amie de Balzac, relié de maroquin rouge au chiffre de sa propriétaire et dédicacé de la main de l'auteur.