Exposition passée

Louise Bourgeois : Moi, Eugénie Grandet…

Du 03/11/2010 au 06/02/2011

Horaires : 10h-18h

Plein tarif / Tarif réduit : -

" I'm working on a show about Eugénie Grandet
for the Maison de Balzac in Paris, opening next
November. I love that story. It could be the story
of my life. "

Louise Bourgeois pour The Guardian Newspaper, Londres, 19 septembre 2009

Louise Bourgeois, artiste essentielle de la scène contemporaine, a souhaité présenter dans l’intimité de la Maison de Balzac une exposition dédiée à Eugénie Grandet. Cette création originale, spécialement conçue pour le musée, ne se veut pas une confrontation avec le personnage d’un des plus célèbres romans de Balzac mais bien l’expression d’une « identification récurrente », selon ses propres termes, avec  « celle à qui l’on ne donna jamais la chance de grandir ».

 

Entièrement fondée sur la mémoire et les « motivations enfantines », l’œuvre de Louise Bourgeois est autobiographique. Au service de l’inconscient, son art cathartique renvoie aux relations mère - enfant ou père - enfant.

« I have never grown up
I am standing near the window
I have spent my life making curtains
to hide the dirty glass
I have spent my life making curtains
while watching the building across the way
I have spent my life waiting
I have spent my life washing
dishes and vegetables
I have spent my life going up and down
I have spent my life afraid of the cold
letting out waists and shortening dresses
I have spent my life
listening to the chirping of the birds
the water dripping from the ceiling
and the traffic on 20th street
I have listened to the sound
of the pigeons
The hesitations of the mice
and the bees and the flies before summer
I have spent my life
smelling the burning of the stove
and listening to the starting of the refrigerator
 »

Ode à Eugénie Grandet Texte écrit par Louise Bourgeois sur l’oeuvre BOUR-10886, présentée à la Maison de Balzac

Eugénie Grandet, célèbre dès sa publication en 1833, met en scène le père Grandet, vigneron d’une avarice instinctive, sa femme que l’insensibilité de son mari écrase et finit par tuer, et sa fille Eugénie, douce, bonne et aimante qui, déçue dans ses sentiments, se referme sur elle-même et devient une vieille fille charitable mais amère. Le roman de Balzac traite donc de la famille, de l’adolescence, de la douleur et de la solitude : autant de thèmes que Louise Bourgeois, se disant non pas féministe mais « s’occupant du féminin », a explorés sans relâche depuis ses premières peintures, à la fin des années 30. Il n’est donc rien d’étonnant à ce qu’Eugénie Grandet soit un personnage central dans la genèse de l’œuvre de Louise Bourgeois qui y voit « le prototype de la femme qui ne s’est pas réalisée. Elle est dans l’impossibilité de s’épanouir. Ce personnage de Balzac est la prisonnière de son père qui avait besoin d’une bonne. Son destin est celui d’une femme qui n’a jamais l’occasion d’être une femme… ». 

 

            Revenant à la broderie, technique féminine par excellence mais surtout mode de création lié au souvenir de sa mère tisserande, Louise Bourgeois nous livre plusieurs séries d’œuvres qui évoquent le temps qui passe, les occupations inutiles, le flétrissement, la solitude. Une incroyable poésie – non dépourvue d’humour – se dégage de cet art de l’intime, du secret, chez une artiste que ne travaille que dans l’isolement. Cette exposition  marque ainsi la rencontre de deux très grands artistes qui, bien qu’éloignés dans le temps et l’espace, se rejoignent par leur puissance d’analyse, leur lucidité et leurs efforts pour identifier les ressorts les plus profonds et les plus secrets de l’âme humaine.

Commissariat scientifique :

Wendy Williams et Yves Gagneux